Les Neptunes ont repris le chemin de l'entraînement cette semaine pour une préparation de six semaines avant le début de la saison, le 30 août prochain. Effectif, contexte, objectifs, ... Découvrez l'entretien réalisé avec Romuald NOTARI, Directeur Technique des Neptunes de Nantes Handball.
Quels sont les principaux enjeux de ces six semaines de préparation ?
Comme toute préparation dans le sport de haut niveau, c’est avant tout un gros travail physique qui va se mettre en place. Autrement dit, c’est une étape décisive pour la suite de la saison. L’enjeu sera donc de préparer physiquement les filles à l’enchaînement des compétitions et d’y intégrer les éléments tactiques, techniques autour du projet de jeu.
Avec l’intégration de six nouvelles joueuses, il faudra que les filles arrivent à trouver leur place au sein du projet pour acquérir des automatismes avec le reste de l’équipe et performer sur le terrain. Une saison, c’est long, il est donc nécessaire de partir sur une bonne base de travail et dans l’état d’esprit du groupe. C’est l’objectif de la préparation dans sa globalité. C’est pourquoi l’ensemble du staff devra être focus sur la partie "intégration", sur l’aspect "état d’esprit", et sur le travail et l'humilité afin d’être prêt pour la saison à venir.
Notre planning de préparation intègre également un stage en Hongrie de 10 jours. Ce déplacement nous permettra de jouer Motherson Mosonmagyarovari KC, que nous avons joué en phase de poule EHF European League la saison dernière. Nous ferons également un match de préparation contre Győri Eto KC pour nous confronter à l'une des meilleures équipes en Europe.
Comment le groupe a été pensé et construit cette saison ?
Les recrutements se faisant très tôt, il a fallu anticiper. Nous nous sommes demandés ce que l’on pouvait amener de mieux et comment pourrions-nous garder l’équilibre après des départs. Plusieurs axes pour construire ce nouveau groupe : l’état d’esprit et l’expérience des joueuses. L’objectif est de passer un cap dans la gestion offensive et défensive afin d’essayer d’améliorer notre jeu sur le plan tactique et technique. On construit aussi en essayant, comme un puzzle, que les pièces se complètent les unes avec les autres.
Dans ce contexte de saison pré-olympique avec beaucoup d’internationales potentiellement sélectionnables, comment gérer, adapter et anticiper la gestion du groupe et des individualités sur le plan médical et physique ?
En fait, ce n’est pas juste une saison pré-olympique mais deux saisons en une. Certaines joueuses vont se préparer à une saison normale puis d’autres prépareront les Jeux Olympiques 2024. On va devoir être vigilant et anticiper l’avant et l’après jeux, où là évidemment, l’enchainement peut-être une difficulté. Les analyses de cette année 2023 ont déjà débuté. On doit se demander qui sera dans les stages et qui pourrait potentiellement participer aux JO. Toutes ces réflexions se gèrent par notre cellule de performance, qui permet d’être toujours précis en individualisant le plus possible dès les premiers tests de cette phase préparatoire. Ces tests physiques et médicaux sont essentiels afin de faire de la prévention sur le corps des joueuses, qui est leur outil de travail, pour qu’elles puissent le maintenir en utilisant cette période pour réparer les petites blessures. Cela se gère par un suivi individualisé et une discussion entre la coach et les joueuses sur les périodes de repos nécessaires pour la récupération. On ne peut pas tout anticiper, donc notre travail au quotidien est de rester focus par notre cellule performance.
Que penses-tu des calendriers des différentes compétitions en prenant en compte les JO 2024 ?
Si on va au bout des compétitions (Coupe d’Europe, Coupe de France, Ligue Butagaz Energie, …), nous jouerons 36 matchs officiels au total. Sur une saison - soit neuf à dix mois - je pense que 40 matchs, hors semaines internationales, c’est une limite. En y ajoutant les matchs amicaux et surtout les semaines internationales - avec une intensité physique et émotionnelle – il ne faut pas écarter la réflexion d’organiser une compétition internationale tous les 2 ans afin de diminuer le rythme et donc de préserver l’intégrité physique. Évidemment il y a l’aspect financier et la fédération internationale mais rien n’empêche de réfléchir à comment pourrait-on redéfinir les compétions internationales pour s’adapter au rythme intensif d’une saison.
Est-ce qu’il y a des relations plus fortes avec le staff des sélections dans le suivi des joueuses internationales ?
Être en relation directe avec les staffs des sélections a été un des objectifs de la cellule de performance. Aujourd’hui, nous échangeons avec toutes les sélections avec lesquelles on travaille. Bien qu’il soit plus simple d’être en lien avec le staff l’équipe de France, nous avons pu suivre nos joueuses avec l’équipe de Suède ou l’équipe de Pologne. Cette collaboration est adaptée à leurs carrières. Bien que chacun décide de ce qu’il se passe en sélection et en club rien ne nous empêche de collaborer. Par exemple, lorsqu’une joueuse qui part en sélection le club transmet un document qui indique les dernières informations importantes (temps de jeu, échanges techniques, performance, médical). Au retour, les équipes nationales font le même bilan aux clubs respectifs des joueuses. Cela fait partie de l’encadrement des joueuses de haut niveau.
Une nouvelle campagne en EHF European League, une compétition de plus en plus relevée, quels vont être les objectifs de cette saison par rapport à l'expérience accumulée ces dernières années ?
On va être dans notre huitième campagne depuis la création du club, c’est ancré en nous. C’est une compétition de plus en plus relevée chaque année. Cette année, nous avions une grande équipe d’Ikast devant nous qui mérite d’être félicitée pour son parcours et la victoire au final four. C’est en jouant toujours contre plus fort que l’on progresse. Pour cette saison, un final four serait formidable pour le club à la suite de notre victoire en mai 2021.
Qu'est-ce que tu attends des joueuses cette saison au-delà de l'aspect sportif uniquement ?
Sur la saison précédente, nous avons réalisé le meilleur classement du club depuis qu’il est né. Mais, nous ne sommes pas dupes, nous avons bien vu qu’on avait mal maitrisé certains matchs, provoquant de la frustration en Coupe d’Europe et sur certains matchs de championnat. C’est l’adversité qui nous fait et fera avancer.
Nous l’avons déjà fait lors d’une analyse poussée de la saison avec une évaluation de nos axes de progression. On doit tous se dire qu’on doit encore franchir un palier en travaillant. Il faut surtout qu’on soit capable de se dire que le sport reste un état d’esprit de travail autour du collectif et de l’humilité. Les filles devront mieux gérer les matchs en les jouant pour les gagner et non pas pour ne pas les perdre. Du staff aux joueuses, il faut que les synergies opèrent à travers le goût à l’effort et l’épanouissement collectif et individuel. Je ne veux pas qu’on parle de résultat avant d’y mettre la manière.
Sur l'adhésion au projet Neptunes, de plus en plus ancré à l'échelle nationale, comment est-ce que tu perçois les choses toi qui a connu toute la démarche du projet jusqu'à aujourd'hui ?
Le projet Neptunes commence à s’ancrer. Aujourd’hui, nous ne sommes pas juste un club qui a changé de nom. J'espère que nous pourrons faire avancer le handball et le sport féminin au niveau français et européen grâce à tout le travail qui a été fourni sur ce projet. Nous nous sommes battus jusqu’au bout pour les places européennes. Nous avons réussi à faire durer le suspens avec Brest jusqu’à trois journées de la fin. Le championnat progresse et se structure et des synergies s’opèrent entre les clubs pour mieux se professionnaliser. Nous savons que nous serons plus forts ensemble pour permettre aux sportives de haut-niveau d’être professionnelles et davantage médiatisées. On doit continuer dans cette démarche-là grâce aux différentes instances. Moi je le ressens comme étant un projet aussi excitant que complexe mais tellement riche en enseignements. Si l’ensemble du sportif s’imprègne de ce projet-là, continue à travailler avec un état d’esprit qui est basé sur le travail et la discipline, on récoltera les fruits de l’intérieur du groupe professionnel à l’association.
Que penses-tu de la double discipline dans un projet commun ? Le projet Neptunes rassemble le handball et le volley-ball, quel est ton retour d'expérience sur cette première année ?
On travaillait déjà bien ensemble donc ça été juste de se voir plus souvent et de travailler sur beaucoup de mutualisation. On mutualise, au-delà des coûts, pour ouvrir les champs des possibles. Cette année, on mutualise au niveau médical et au niveau de la préparation physique par cette cellule de performance qui va encore plus travailler en synergie. On espère fusionner dans les domaines socio-pro, administratif et logistique. Pour moi, la double discipline dans ce projet commun n’est que bénéfique car elle permet d’aller encore plus loin dans nos idées.