Talk Sportives et Cycles menstruels


Crédit photo : Lidl

La semaine dernière, Manon LOQUAY et d'autres actrices et acteurs du monde sportif étaient présents au Talk organisé par LIDL et la Ligue Féminine de Handball pour aborder le sujet des cycles menstruels dans le sport pour tenter de faire avancer le sujet.

Nouveau partenaire majeur de la Ligue féminine de handball depuis la rentrée 2022, Lidl France organisait à Paris un talk d’experts et de sportives sur le thème des « cycles menstruels dans le sport ». Un échange riche et collectif qui a rassemblé pour la première fois autour de ce sujet « tabou » un entraîneur, des sportives et des scientifiques engagés.

Les chiffres clés

  • Les troubles du cycle sont source d’inquiétude pour 1/3 des sportives de haut niveau.
  • 84% des sportives de haut niveau vivent leur période de règles comme une difficulté : douleurs, fatigue, crampes…
  • Seulement 23% des sportives de haut niveau déclarent avoir pu échanger sur les problèmes de cycle avec leur entourage sportif : médecin fédéral, de pôle, entraîneur, autres sportives
  • 37% des sportives n’ont jamais entendu parler des menstruations dans le domaine du sport, 50% « parfois », 13% « souvent ».

Ouvrir le débat pour avancer

Autour de la table étaient réunis : Juliana ANTERO, chercheure à l’INSEP, en charge du projet EMPOW’HER, la Dr Carole MAÎTRE, gynécologue-médecin du sport à l’INSEP, Nodjialem MYARO, présidente de la Ligue féminine de handball et championne du monde 2003, Léa RUBINSZTAJN, responsable sponsoring sportif Lidl France, l’entraîneur Camille COMTE (Bourg de Péage Drôme Handball) et trois joueuses professionnelles LFH : Melvine DEBA (Chambray Touraine Handball), Maëlys KOUAYA (Handball Plan-de-Cuques) et Manon LOQUAY (Les Neptunes de Nantes).

Aujourd'hui, les structures s’y intéressent, la parole des sportives se libère mais l’on manque encore d’études pour mieux comprendre l’étendue des conséquences du cycle sur les performances des sportives et faire bouger les lignes. Même si certaines études ont déjà été mises en place comme celle menée par le ministère chargé des Sports en 2021 auprès des sportives de haut niveau qui a révélé que, parmi les 73 SHN ayant répondu à la question « vivez-vous la menstruation comme une difficulté dans le cadre de votre pratique » 84% ont déclaré vivre cette période comme une difficulté.

Ce moment d'échange était donc l'occasion d’ouvrir le débat autour de la tolérance, l'acceptation et la douleur des sportives pendant le cycle menstruel.

Crédit photo : Lidl

Manon LOQUAY, joueuse des Neptunes de Nantes : « J’en parle facilement autour de moi (amis, coéquipières, famille) mais jamais avec mes entraîneurs ou avec le staff médical. La parole n’est initiée ni par nous ni par le staff donc c’est vrai que c’est un sujet qui reste peu exposé. C'est un sujet pour lequel je me suis beaucoup documentée lors de mes études de kiné. Je trouve que c'est un sujet très important et l'évoquer est essentiel. J'aimerais que les choses évoluent, qu'on en parle plus facilement. Que les staffs médicaux soient plus attentifs sur ces sujets, qu'ils fassent eux-mêmes la démarche de nous en parler comme d'autres sujets tel que le renforcement périnéal/transverse. Le handball est l’un des sports féminins les plus médiatisés et j’espère que nous allons contribuer à ouvrir la parole. »

Nodjialem MYARO, présidente de la Ligue féminine de handball et championne du monde handball 2003 : « Il y a vingt ans, nous ne parlions pas du sujet des cycles menstruels avec le staff médical et très peu entre joueuses. La parole se libère de façon intergénérationnelle et je suis heureuse de voir qu’un sponsor engagé comme Lidl accompagne la ligue et la fédération pour s’emparer du sujet. Nous ouvrons la porte d’un chantier qui s’annonce passionnant et qui fait suite à un vrai besoin des joueuses et du staff de nos clubs. Pour que demain, le cycle menstruel ne soit plus vu comme une problématique pour la sportive mais comme un état de fait intégré à son plan d’entraînement pour améliorer la performance sportive. »

Carole Maître, gynécologue-médecin du sport à l’INSEP : « Une grande majorité de sportives rencontre des difficultés au cours de leur cycle, ce qui génère de l’inquiétude voire des blessures. Les sportives ont une forte acceptation de la tolérance à la douleur et ne veulent pas que cela soit perçu comme une faiblesse. Elles ont besoin de se sentir performante et vont par conséquent retarder la prise en charge de leurs symptômes en comparaison avec une douleur au genou. Il est donc primordial que l’environnement sportif soit davantage sensibilisé pour que ce sujet qui relève de l’intimité ne soit plus tabou. »